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lundi 8 août 2016

Last Colour Chapitre 1

Naka


Volume 1

Chapitre 1 : Un monde après sa fin



Elle le voulait. Elle voulait avoir un destin hors du commun, être différente de tous ces autres êtres soi-disant humains. Elle voulait servir sa terre et ses habitants. Elle l'aurait voulu.
Naka a 10 ans. Elle est frêle et énergique. La petite fille court partout et ne montre aucun signe de fatigue. Elle est cette tâche de couleur qui persiste à exister dans un monde devenu noir depuis longtemps. Elle connaît désormais tous les chemins et tous les recoins de la ville. Synna, la capitale. Naka ne va pas à l'école, personne n'y va plus depuis la Grande Dernière. De nos jours tout s'apprend à la maison ou dans les rues sales de la capitale. Naka fait partie d'une bande de petits chapardeurs qui passent leur temps dans les bas quartiers. Du haut de sa décennie, Naka ne voit pas et ne connaît pas plus que les rues de Synna, ses amis et sa famille. Sa famille. Il n'en reste pas grand-chose de sa famille. Son père travaille dans la grande mine au Nord et ne rentre presque jamais, sa mère reste à la maison réduite à l'état de légume. Elle passe ses journées sur une vieille chaise à bascule en bois rongé par les mites de fer. Le dernier membre de sa famille est sa grande sœur, Rolvia. Naka et elle ne se sont jamais aimées, c'est du moins ce que cette dernière essaye de croire. La petite fille à également une grand-mère qu'elle n'a jamais vu, alors elle ne l'a compte pas vraiment comme un membre de sa famille. En vérité, elle se sentait bien plus chez elle dans les rues de la capitale que dans sa vieille bicoque en ruine au 155ème étage où ne régnaient que le silence et la misère. La chaise de sa mère était un des rares meubles que la famille possédait. Pour tout dire, la maison de la famille Varkagn n'était constituée que d'une seule pièce de 15 mètres carrés avec en tout et pour tout une chaise à bascule, une table sans chaise, une vieille cheminée pleine de suie et un vieux tapis jauni recouvert d'une épaisse couche de poussière. Les murs était sales et décrépis, le sol recouvert de tâches immondes et de bois pourri. Dans un siècle où la science faisait les progrès les plus spectaculaires qu'on ait jamais vu, la maison de Naka faisait plutôt tâche. Et pourtant elle était loin d'être la seule à vivre dans un tel taudis à 70 mètres du sol. On devait cet écart si incroyable à la Grande Dernière et aux nouveaux riches qui s'accaparaient les dernières technologies.

La Grande Dernière était la plus grande guerre que la terre ait abritée. Sur plus de 9,6 milliards d'êtres humains, moins de 3 milliards y ont survécus. Un carnage sans nom, une horreur infinie et des années à rebâtir un monde sombré dans le chaos. La Grande Dernière a eu lieu il y a maintenant plus de 70 ans, mais les traces et les conséquences de celle-ci sont toujours présentent. La quasi-totalité de la planète avait été touchée par cette inimaginable catastrophe humaine. Terres dévastées, animaux disparus, il ne reste plus maintenant qu'une poignée de survivants condamnés à vivre et à reconstruire cette planète mourante, voire déjà morte. Si la Grande Dernière avait éliminée la plus grande partie du poison de la société, ce dernier n'a pas tardé à revenir. Désormais les dirigeants de cette nouvelle ère sont sans pitié et avides, comme les précédents ils pompent la richesse de la population affamée et crasseuse. Naka fait partie de la génération appelée par ces dirigeants « la génération du nouveau monde », car celle-ci ne connaît pas la guerre et profite de ce « nouveaux monde ». Mais la petite fille ignorait tout de ce qui pouvait bien se tramer dans les hautes sphères de la capitale. Aujourd'hui c'était le jour du soleil, elle se rendait donc chez Kax pour jouer au chapeau et à la souris.

La nuit tombait très tôt les jours d'hiver, encore plus que les jours d'été. Mais Naka prenait tout son temps, elle savait qu'on ne l'attendait nulle part et elle tentait tant bien que mal de prolonger au maximum sa visite chez Kax. Mais vint un moment où, comme toujours, la petite fille se retrouvait seule dans les rues noires avec pour seule compagnie le froid de la nuit et le silence de mort, promesse d'un avenir certain. Elle marchait lentement, écoutant le son de ses pieds frappant les pavés couverts de suie, qui résonnait au loin. Elle levait la tête de temps en temps, pour voir si le ciel avait prit une autre teinte que cet éternel obscurité, mais à chaque fois elle ne voyait au dessus de ça jeune tête qu'un vide infini. Un vide encadré d'immenses immeubles de plus de 4778 mètres de hauts, voire plus 6666 mètres pour les immeubles de bureaux. Mais dans le quartier où elle vivait les immeubles ne dépassait pas les 4778 mètres, signe de pauvreté en un sens. Arrivée au coin de la rue, Naka appuya sur un gros bouton rouge, seule note de couleur dans la nuit. Aussitôt le tax-montant apparu et elle grimpa. Les tax-montant étaient en service bien avant la Grande Dernière et furent remis sur le marché après, notamment grâce à leur très grande utilité. C'était des espèces de mini monospaces en forme de goutte d'eau futuriste qui permettaient de se rendre à n'importe quel étage de n'importe quel immeuble dans n'importe quelle ville où un bouton tax-appel était installé, et dont le prix de voyage était inexistant. C'est comme cela que Naka rentrait chez elle au 1555ème étage de l'immeuble des Etouffés, un nom qui lui allait à merveille. Elle ouvrait la porte sans frapper et s'allongeait à même le sol devant la cheminée allumée par Rolvia qui ramenait le bois et le feu de son travail. Sa mère n'avait pas bougé, elle était là, assise avec le regard vide sur son éternelle chaise à bascule grinçante. Les traits fatigués, ses cheveux ondulants gris, sales et emmêlés tombant en cascade sur ses épaules. La lueur du feu de cheminée faisait encore d'avantage ressortir ses cernes et sa maigreur, ainsi Naka ne la regardait jamais avant de se coucher de peur d'en faire des cauchemars. Le lendemain matin, lorsqu'elle se réveillait, Naka trouvait le feu éteint, sa mère sur sa chaise et un morceau de pain rancit sur la table en guise de petit déjeuner, pour manger à midi elle devrait se débrouiller.

Le jour du feu était le jour où la petite fille allait au marché au centre de la capitale. L'air y était sale et nauséabond, les gens y venaient pour échanger des habits vieux comme le monde ou des objets sans aucune valeur, certains encore échangeaient de la nourriture pourrie ou rancit contre une autre un peu plus comestible. Naka venait donc avec ses amis pour tenter de chaparder le plus de provisions possible car c'était le seul jour où elle pouvait trouver de la nourriture pour le reste de la semaine. Trop jeunes pour travailler, les enfants étaient les premières victimes de cette misère. Mais la petite fille luttait corps et âme pour survivre, animée d'une volonté et d'une ténacité qui la surprenait par fois elle-même. Les jeunes gens étaient à l'affût du moindre morceaux, de la moindre nourriture à récupérer si elle tombait par terre ou si elle pouvait être arrachée des mains. En une heure, la petite bande amassa son butin et déguerpit en courant. Une fois chez Fitjjum, leader autoproclamé, chacun vidait le contenu de sa besace et les biens étaient répartis équitablement. Naka avait beau être la seule fille du groupe elle n'en était pas traité différemment pour autant et cela lui faisait chaud au cœur. Enfin elle avait un endroit où on l'acceptait, où elle était la bienvenue. Enfin un vrai foyer. Le soir en rentrant, Naka déballait fièrement son butin sur la table et faisait des petits paquets pour chaque membres de sa famille. Elle apportait une partie de ses récoltes à sa mère et devant son inaction, la lui posait sur les genoux. Revenant vers la table, elle fourrait sa part dans sa sacoche et partait se coucher devant la cheminée sur le planché de bois humide. Le lendemain, elle trouvait encore un paquet de nourriture sur la table, celui de son père qui ne rentrait jamais, et du pain rancit pour son petit déjeuner. Après le jour du soleil et le jour du feu, suivait le jour gris. Le jour gris était généralement le jour où il faisait le plus mauvais temps, ainsi il n'y avait quasiment jamais personne dehors. Cela n'empêchait pourtant pas Naka de sortir pour aller jouer avec ses amis.

Il fallait faire très attention lorsque l'on jouait à 160 mètres au dessus des pavés des rues de Synna. Mais les enfants étaient si agiles que l'on pouvait les comparer à des singes. De plus, ils fouillaient souvent dans les bennes municipales pour tenter de dégoter des morceaux de câbles pas trop rouillés, de la corde ou même des attaches en acier. Ainsi ils se confectionnaient une petite ceinture avec tout un équipement pour faire de l'accro-câble, qu'ils utilisaient pour jouer sur les câbles blindés de la capitale qui s'étendaient d'un immeuble à l'autre et qui alimentaient la ville en eau, électricité, chauffage, ondes nucléaire et encore bien d'autres choses. Pour survivre il fallait savoir s'accrocher, au sens propre, car cela pourrait toujours s'avérer utile si le besoin d'échapper au force de sécurité devait se faire sentir un jour. Le midi, Naka partait seule en direction du centre-ville, vers les beaux quartiers. Comme personne ne sortait jamais le jour gris elle pouvait se le permettre. Elle trouvait alors un coin chaud et sec pour déjeuner. Un jour par chance elle avait même trouver un vieux quignon noircit au beau milieu de la rue, et elle s'était fait un festin avec un morceau de fromage a moitié moisi. Durant son maigre repas, Naka aimait écouter la pluie tomber sur la pierre. Elle trouvait ce son apaisant et pensait qu'il était la représentation des sentiments de la Terre. La petite fille se sentait alors prise de mélancolie et de tristesse, et elle se mettait à fredonner un air aux couleurs délavées qui résonnait en écho dans les rues désertes et sombres. La fin de matinée et l'après-midi étaient les seuls moments qui variaient un peu tous les jours. Autrement le matin et le soir était identiques. Pas une seule fois Naka ne partait ou ne revenait chez elle en pleurant, elle savait que personne ne la comprendrait et encore moins que personne ne la réconforterait. C'est peut-être aussi pour cela que le jour du vent était sans doute le préféré de Naka, même si s'était le seul jour où elle ne voyait pas ses amis. Le jour du vent était le jour du passage des grandes bourrasques de l'ouest. Un air doux et enivrant. La petite fille se levait plus tôt que le reste de la semaine et partait en direction de l'immeuble le plus haut de son quartier. Elle prenait le tax-montant jusqu'au dernier étage et grimpait pour arriver sur le toit. Là elle y passait la journée. Elle s'allongeait, chantait, hurlait, riait, pleurait, sautait à pieds joints et dansait face au vent. C'était très dangereux car le toit de l'immeuble ne possédait aucune barrière et les rafales de vent étaient violentes, atteignant parfois les 100 km/h. Ces jours là Naka oubliait la réalité, elle ne faisait plus qu'un avec le vent. Il était comme un complice, une moitié qui la comprenait et jouait avec elle, caressant la moindre partie de son corps, glissant sur ses vêtements sales et déchirés, fouettant son visage pâle et maigre et peignant ses cheveux bruns emmêlés. Elle ne ressentait jamais autant de bonheur et de liberté les autres jours.
Les soirs des jours du vent, Naka était plus déprimée encore de rentrer chez elle. Elle se disait que le jour de la pierre lui ferait oublier ce court moment de joie.

Le jour de la pierre était jour de travail pour la petite fille. Naka accompagnait discrètement sa sœur à son travail et l'aidait le plus secrètement possible. Si on la découvrait, la petite fille risquait de gros ennuis et sa sœur la peine de mort. Le travail des enfants étaient interdit depuis des siècles, preuve d'évolution, mais dans une ère ou la misère et la faim sont reines, le besoin de gagner quelques ktagnes écrase la raison et la loi. Le ktagne est la monnaie universelle depuis la Grande Dernière. Tous les rares endroits de la planète encore habitables possèdent cette monnaie. Il n'en n'existe plus d'autres. Naka travail avec sa sœur les jours de la pierre depuis 3 ans. Son agilité et son sens de l'observation ainsi que son instinct lui ont toujours permis d'éviter les ennuis et de faire gagner un peu plus d'argent à sa sœur. De plus, la petite fille passait facilement inaperçue car beaucoup de gamins jouaient dans les usines. Rolvia, de ses 21 printemps travaille à la mine de feu, à l'ouest de Synna. Le travail y est moins pénible qu'à la grande mine au nord ou la mine de fer au sud, mais les conditions de travail et le salaire ne sont pas meilleurs pour autant. Ce jour là est le seul jour où la petite Naka parle avec sa sœur et marche avec elle. Les deux sœurs seraient des étrangères l'une pour l'autre si elles ne savaient pas qu'elles tenaient des mêmes parents. Rolvia n'a jamais eu un seul mot gentil ou réconfortant pour sa sœur cadette, et cette dernière n'a jamais cherché à se rapprocher de son aînée. Elles cohabitent, s'entraident à de rares occasions, se nourrissent, mais restent à distance. Comme si la peur d'une relation fraternelle les empêchait de s'aimer.


Le jour de la pierre terminé, Naka et Rolvia reprennent leur vie, à des milliers de kilomètres l'une de l'autre. Naka ne sait même pas où sa sœur peut bien dormir, elle sait seulement qu'elle ne dort pas à la maison avec elle sur le plancher. Le dernier jour de la semaine est appelé le jour nouveau. On se demande bien pourquoi, car il n'est en rien différent des autres jours, à part que personne ne va travailler. Dans l'ancien temps, il correspondrait au dimanche, et Naka déteste plus que tout autre le jour nouveau. Ce jour-là, l'ensemble des habitants de la capitale se doivent d'aller sur la Grande Place afin de regarder une vidéo grotesque sur l'importance de travailler, de pourquoi nous sommes les survivants et les responsabilités qui en découlent. Comme si les personnes présentes avaient choisis d'être des survivantes, comme si Naka avait choisi cette vie grise et miséreuse. Elle détestait le visage et l'apparence soignée des hauts dirigeants qui proféraient de telles ignominies. Elle pensait alors à son père qui se tuait lentement mais sûrement au fond de ce trou béant dans la terre que l'on appelait la Grande mine. La semaine compatit ainsi 6 jours, beaucoup trop pour Naka. La petite fille avait eu la chance d'apprendre à parler, lire écrire et compter grâce à son père et elle c'est pour cela notamment que les membres de la bande la tenait en haute estime. Ainsi elle comprenait les idioties qui étaient diffusées sur l'écran géant tous les jours nouveau. Mais elle ne savait pas encore combien elle avait raison de détester ces discours et elle ignorait encore surtout le sens caché de cette mascarade. A 10ans, Naka avait déjà l'impression d'être une grande, voire une vieille personne tant elle comprenait le monde. Elle avait pitié de sa génération, dont elle savait que presque aucun enfant ne savait lire ou compter. La petite en voulait aux parents d'abandonner à leur sort ces êtres venus au monde par désespoir et par peur de disparaître sans laisser de trace. A 10 ans, Naka savait déjà qu'une guerre aurait lieu dans les années à venir, et elle connaissait déjà son camp.

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