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lundi 8 août 2016

Last Colour chapitre 2

Naka


Volume 1

Chapitre 2 : Masque de cendre


Naka a 13ans lorsque qu'elle subit un premier bouleversement dans sa vie.
Alors qu'elle se trouve au marché pendant le jour du feu, le cri d'un homme fait cesser toute activité. Un homme d'âge mûr fait son apparition, il est petit et tordu, n'a presque plus de cheveux et ses habits ne tiennent que grâce à des épingles. Il apporte une terrible nouvelle, Naka lâche sa besace et met une main devant sa bouche pour se retenir de hurler : la Grande mine vient de s’effondrer. La Grande mine au nord de Synna est à au moins 3 jours de marche. A en juger par l'état de l'homme, l'effondrement a dû avoir lieu il y a plus de 5 jours. Pas de temps à perdre. Naka ramasse sa besace et part directement vers le nord. Elle en oublie les règles des beaux quartiers, qui interdit à toute personne des bas quartiers d'y circuler, mais c'est le chemin le plus rapide pour rejoindre la Grande mine. Pendant presque 4 heures la jeune fille alterne course et marche. Heureusement qu'elle avait pensé à remplir sa gourde d'eau à la fontaine scellée ce matin. La fontaine scellée était le seul endroit où les habitants des bas quartiers pouvait venir chercher de l'eau, en contrepartie ils pouvaient s'y servir autant de fois qu'ils voulaient. Cependant, Naka n'avait pas fini de faire son marché, elle se maudit intérieurement d'être partie sans rien chaparder de plus que deux morceaux de pain, une vielle mandarine écrasée et deux brins de ciboulette. Durant 2 jours entier la jeune fille parvint à alterner course et marche sans prendre la moindre pause et sans dormir. Elle parvint ainsi à atteindre la Grande mine en un temps records. Une fois sur place, le spectacle est désastreux.

Naka n'était jamais allée à la Grande mine du Nord, elle savait simplement que cette mine était la plus grande du pays et que le travail y était pénible. La première vision qu'elle eu de cet endroit lui glaça le sang. Un trou immense, d'au moins trois fois la taille de son quartier et d'à peu près la même taille, voire plus grande que la capitale s'étendait devant ses yeux. Un trou noir, un monde encore plus sombre et plus dangereux que Synna. Comment pouvait-on appeler cela une mine ? Après ce premier choc, Naka aperçu des milliers de petites silhouettes qui grouillaient d'un bout à l'autre du chantier. La jeune fille se demandait si un effondrement avait bien eu lieu car rien de l'aspect extérieur de la mine ne le laissait penser. Une violente curiosité poussa Naka à descendre de la plate-forme où elle se tenait pour aller voir cet étrange endroit de plus près. Une peur et une certaine appréhension nouaient l'estomac de la jeune fille mais il fallait en avoir le cœur net, savoir si désormais elle était seule au monde.

Les gens affluaient en masse, des hommes pour la plupart, souvent voûtés et noir de suie. Leurs visages reflétaient leur fatigue et leur désespoir. Naka passait cependant totalement inaperçue dans ce spectacle morbide, maudissant chaque secondes les hauts dirigeants à qui elle devait cette scène et qui en plus avaient le culot de se pointer tous les jours nouveau sur leur grand écran pour débiter leur absurde discours sur l'importance du travail. La jeune fille se délectait des idées qui lui traversaient la tête dans lesquels son imagination lui laissait voir tout ce qu'elle ferait à ces gens si elle les tenait en face. Sa rage se faisait plus grande à mesure qu'elle voyait le visage de son père se dessiner à la place de ceux des ses pauvres corps errants. Naka arriva bientôt au bord de l'immense bouche de la mine. Comment pouvait-on encore appeler cela une mine ? L'ouverture était si énorme que même les carrières de l'ancien temps faisaient pâles figures à côté. La jeune fille s'approcha lentement et pencha légèrement la tête en direction du trou. Noir, que du noir malgré l'immense ouverture, comme si il n'y avait rien d'autre que ce noir infini sous ses pieds. Soudain, elle sentit une main l'agripper par l'épaule gauche et la tirer violemment en arrière. Naka en fut directement projetée sur le sol poussiéreux. Lorsqu'elle releva ses yeux emplis de hargne elle aperçu son « agresseur ». C'était un jeune homme plutôt grand et bien bâti, à la peau bronzée et aux joues creusées. Ses cheveux étaient noirs et lui tombaient sur les épaules. Il la fixait avec son regard chocolat tout en tenant un vieux sac rempli d'on-ne-sait-quoi et qui semblait peser bien lourd. Naka ne put s'empêcher de penser que, malgré son air sauvage et sa saleté, il était loin d'être sans charme. Il tenait une expression de mécontentement et commençait à ouvrir la bouche lorsque l'on cria un nom dans sa direction et il se retourna. La jeune fille profita de cette occasion pour prendre la poudre d’escampette.


La foule était si dense qu'elle lui permit de se fondre dans le paysage sans le moindre problème, elle priait juste pour qu'elle ne le recroisa jamais. Naka essayait de trouver un moyen de rendre dans l'antre du chaos, c'est comme ça qu'elle surnommait la mine depuis qu'elle venait de découvrir son véritable aspect. Un aspect, soit dit en passant, cachait assez bien aux habitants de Synna. La jeune aventurière marchait le long de la bouche lorsqu'elle aperçu un mouvement en face qui descendait vers l'antre. Une chance ! Naka en profita et se faufila aussi vite qu'elle pu entre les gens affolés. La jeune fille remarquait avec cynisme que l'effondrement n'empêchait visiblement personne de continuer à travailler comme si de rien n'était. En s'approchant de l'ascenseur elle remarqua que les personnes qui y descendaient étaient toutes des hommes couverts de suie de la tête au pieds. Encore une chance. Naka ramassa de la cendre au sol et s'en couvrit le corps entier sans omettre la partie la plus importante : son visage. Après cela elle déchira une partie de son pantalon déjà en piteux état et s'attacha les cheveux du mieux qu'elle pu pour cacher leur longueur. Enfin elle attrapa un vieux sac troué et peu chargé et partie rejoindre la file. Descendre dans la mine fût par la suite un jeu d'enfant, personne ne vérifiait les identités ni même ne jetait un œil sur l'apparence, bien trop crasseuse de toute manière, des travailleurs. Dans un sens pourquoi le faire, qui serait assez fou pour descendre au coeur d'un monstre pareil ? Naka sourit discrètement sous son masque de cendre. Un puits immense qui semblait ne jamais se terminer. Naka était à la fois émerveillée et effrayée par cette incroyable descente aux enfers. Elle sursauta légèrement lorsque le monte-charge arrêta sa course brutalement, mais personne ne prêta la moindre intention à la jeune personne. La jeune fille ressentit une immense tristesse pour ces hommes que le travail avait déjà conduit à la mort mentale et à l'idée que son père, s'il était encore vivant, était sans doute dans le même état. Un frisson d'effroi lui traversa l'échine à l'idée que son père ne la reconnaisse peut-être pas. Mais cette peur n'était rien à côté de celle qu'elle éprouva en découvrant l'effroyable spectacle qui se tenait devant elle, invisible à la surface. Un effondrement avait bel et bien eu lieu, et il avait été tellement violent que plus de la moitié de la mine semblait s'être écroulée. Mais l'horreur n'était pas tant les dégâts matériels que l'hécatombe humaine qui s'offrait à sa vue. Des centaines, voire des milliers de corps étaient là, éparpillés devant ses yeux. A la plupart il manquait plusieurs membres, à d'autres une partie du thorax, certains n'avait plus tête, ou seulement une moitié. Naka retint de peu de hurler de frayeur. Beaucoup de sang et de boyaux traînaient sur le sol noirci par l'obscurité et la suie. Naka n'avait jamais autant éprouvé le besoin de mourir qu'à cet instant. Mais l'heure n'était pas aux larmes et aux lamentations, il lui fallait retrouver son père. Mort ou vif, il le fallait.

La jeune fille suivit non sans mal le groupe avec lequel elle était descendu. L'air était rare et rempli de poussière. Elle se mit donc un drap devant la bouche afin d'éviter d'avaler trop de cette poussière. Les galeries étaient sombres et très étroites, part certaines ont ne pouvait y passer qu'accroupis. Les yeux ronds, Naka tentait tant bien que mal d'observer l'environnement dans lequel elle se trouvait et d'y repérer le moindre indice. Mais seules les lumières des deux éclaireurs du groupe permettait à ce dernier de ne pas être complètement plongé dans un noir infini. Soudain, la petite troupe s'arrêta. Chacun se mit de part et d'autres des murs de la galerie et tous commencèrent leur pénible besogne. Les parois de la mine était plus dure est froide que l'acier, très vite les mains de la jeune fille se mirent à la faire souffrir. Une souffrance qu'elle connaissait malheureusement assez bien, c'était la souffrance du désespoir, de la peur et de la haine. Il fallait survivre et pour cela, il fallait creuser. A Synna ce n'était pas si différent, il ne fallait pas creuser la pierre mais fouiller les poubelles tard le soir, être rapide comme l'air dans les rues bourgeoises, être rusée comme la pluie le jour du feu au marché pour pouvoir manger. Cette peur de mourir, de ne pas savoir si demain la force habitera encore notre corps, cette souffrance de faire tant d'efforts et de n'avoir qu'un microscopique résultat. Les larmes montent aux yeux de Naka, elle se reconnaît tant, elle reconnaît sa vie et sa souffrance dans celles de son père. Après plusieurs heures de travail, première pause de 4,47 minutes. Pas une seconde de plus ou de moins. C'est là qu'il faut être rapide et fine. Naka tente de se mettre le plus loin possible de l'éclairage des lampes, se colle à la paroi et glisse comme un serpent sur la pointe des pieds jusqu'au bout du tunnel. Ses mains endolories par la pioche et la roche glissent doucement sur la paroi humide et tranchante de la galerie, mettant sa chair à vif et menaçant de lui arracher des cris de douleurs qu'elle retient à grand peine. Elle parvient enfin au bout de la galerie, mais la voilà complètement plongée dans le noir. Naka aperçoit au loin les lumières des éclaireurs de son groupe et se maudit mentalement de ne pas avoir prévu de solution contre l'obscurité. Elle décide alors de se tapir dans l'ombre et d'attendre la venue de la prochaine session d'éclaireurs. 1 heures et 54 minutes plus tard elle les aperçoit enfin. Ses membres sont endoloris mais elle n'y prête pas attention. Lentement Naka longe la paroi telle une ombre et parvient au niveau des éclaireurs. Elle se hisse au niveau de l'homme qui ferme la marche du groupe et qui se trouve en marge du reste de la bande. Discrètement, elle tend son pied à terre et fait chuter l'hommes. Rapidement la lumière de celui-ci s'éteint et Naka en profite pour s'en saisir. En se relevant l'éclaireur se met à chercher sa lampe, sans succès, il finit par laisser tomber et court rejoindre le groupe. Personne n'en voudra à cet homme, il ne se fera même pas réprimander. La jeune fille règle la tampis lumos sur « feu doux » et se lance en direction des galeries banalisées. Le spectacle est pire qu'à l'entrée de la mine. On rencontre des bouts d'humains, un œil, un doigt, un morceau de mâchoire. Naka tente tant bien que mal de ne pas vomir. Comment savoir si son père se trouve ici, en miettes ou bien ailleurs, vivant? Elle cherche encore, encore pendant près de 2 heures 45. Rien. Anéantie, la jeune fille se dirige vers la sortie. Elle tente de se rassurer en se disant qu'il doit être vivant. Elle parvient sans mal à se placer dans un groupe de mineur ayant fini leur travail et remonte à la surface. Dehors il fait nuit.


Pour la première fois depuis qu'elle arrivée ici, Naka peut admirer le silence et la paix de cette endroit. Elle le trouverait plaisant si elle ne savait pas qu'au fond de ce trou béant se trouverait les pires cadavres que la Terre est sans doute portée après la Grande Dernière. La jeune fille déambule en titubant, épuisée et horrifiée de son expérience dans la mine. Elle n'a rien trouvé, rien appris. Tout ça pour rien. Naka doit rentrer, mais elle n'en pas la force. Après quelques minutes, elle parvient à trouver un petit coin parsemé de brins d'herbes sèches. Elle y installe un sac vide et s'en sert d'oreiller. La nuit est froide. Naka ne dort pas, comment le pourrait-elle? Elle se tourne et se retourne, sans réel succès, alors elle se met sur le dos et décide d'observer le ciel au dessus de sa tête, un ciel vide et triste, noir et infini, comme cette mine à quelques mètres d'elle. La jeune fille veut pleurer, n'y parvient pas. Oublie. Elle ne rend compte qu'elle ne sait plus pleurer. Ferme les yeux. Sombre.

« Papa, papa ! » ;
« Quoi Naka ? » 
« Papa, pourquoi tu ne rentres jamais à la maison ? Et pourquoi maman est toujours dans son fauteuil ? Et pourquoi Rolvia me déteste-t-elle ? »
« Je ne sais pas, tu dois suivre ton propre chemin, sans te soucier des autres. Soit forte Naka, soit forte ma fille. »
« Papa ! Papa non attends ne pars pas, j'ai encore tellement à te dire ! Papa ! Papa !! ».

Papa.

Naka se réveilla en sursaut, elle était en sueur. Un cauchemar, encore. Le troisième cette nuit. Le teint livide, la jeune fille tente de reprendre une respiration régulière et se passe la main sur le visage. C'est le matin. Naka ne sait même plus qu'elle jour c'est, elle se souvient juste d'être partie le jour du feu. Peut-être était-on le jour du vent, mais il n'y a pas la moindre brise. Le ciel n'était pas gris, donc elle avait passé plus de deux jours ici après son arrivée. Le jour de la pierre. Le jour du lourd travail, le seul jour de la semaine ou tout le monde sauf les enfants doit aller travailler, même les hauts dirigeants. Le temps de revenir, si elle se pressait un peu elle se serait de retour pour le jour du soleil. Mais en avait-elle vraiment envie ? Retourner à cette vie morne et grise qui n'a ni début ni fin, seulement une boucle infinie de tristesse. Synna avait beau être la plus grande ville du territoire, Naka voyait toujours les mêmes visages, les mêmes rues. « Synna, un bien joli nom pour une prison ». Naka se lève et commence à repartir. Deux jours plus tard, la voilà rentrée. Rien ne change pendant deux semaines. Ses inquiétudes ne disparaissent cependant pas et Naka ne trouve plus le sommeil, ne rit plus, ne souris plus, ne joue plus avec ses amis ou le vent ; c'est à peine si elle respire. Plus seule que jamais. 3 semaines plus tard, Naka apprend une nouvelle qu'elle n'aurait jamais voulu apprendre : son père a été exécuté.

« Pourquoi ?! »
« Je ne sais pas Naka, je l'ai simplement entendu dire par un Shimshi. »
« C'est impossible tu mens ! Les Shimshi ne sont pas de confiance tu le sais ! Se sont ces riches qui ne pensent qu'à s'empiffrer et à rire de nous ! »
« Naka… je ne pense pas qu'ils mentaient sur ce coup là, il parlait de ton père j'en suis sûre, il n'y a personne d'autres qui s'appelle Endorobe Varkagn. »

Naka n'écoutait plus. Elle se dirigea en courant plus vite que jamais vers le pilier Nord, appelé le triste des condamnés. C'est ici qu'avait lieu toutes les exécutions à mort et où pourrissaient les cadavres des condamnés, dont on interdisait la moindre sépulture. Naka court, court encore et encore, pendant près de 2heures 31 elle ne pense à rien d'autre que rejoindre cet endroit qu'elle n'aurait cru voir un jour. Lorsqu'elle y parvient enfin, hors d'haleine, le spectacle est presque le même qu'à l'intérieur de la mine, avec l'odeur de la mort et de la pourriture en plus. Naka se bouche le nez et parcours non sans difficulté les piquets des condamnés.


L'oiseau chante la mort, l'eau chante la tristesse. Demain, il n'y aura plus de soleil, l'oiseau a mangé son cœur, l'eau à éteint ses rayons.


Son cœur s'arrête. Il est là, elle l'a trouvé. Naka tombe à genoux devant le piquet n°666. Aux pieds du piquet, une pancarte : « Assassin de la mine ». Naka ne parvient plus à bouger ni à respirer. Il est là, c'est bien lui là, devant elle les yeux cousus et le teint vert. Ils l'ont tué. La jeune fille pousse un hurlement que l'on entend au-delà des collines de Drass, à 6km au Sud de Synna. Son hurlement résonne dans chaque rue de la capitale, tout le monde se retourne et écoute, plus aucune discussion ne se fait entendre. Un hurlement de douleur, de peine et de tristesse, de colère. Hurlement de rébellion, de trahison. Elle ne leur pardonnera jamais.


L'oiseau ne chante plus, le temps s'est arrêté. La pluie coule sur les murs, la terre se plie à son contact. Pourquoi pleures-tu Terre ? On vient de tuer mon fils.


Naka se relève, arrache la pancarte des crimes des pieds de son père, taille dans le bois « mort pour son innocence ». Ses yeux sont secs, il y a pourtant une trace de larme sur sa joue droite. Elle ne leur pardonnera pas. Jamais.




Innocence.

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